Qu'est-ce qu'une émotion, comment elle se traduit et que faire pour l'apaiser ?

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(Cet article est un article de blog, il a une visée pédagogique simple. Les informations sont simplifiées et résumées pour rentrer dans le cadre de l'article. Si je devais écrire sur les émotions de manière exhaustive, il faudrait un livre. Il y a des raccourcis, il ne se veut ni scientifique, ni universitaire. Je suis moi même frustrée de ne pas pouvoir développer certains points. Pour en savoir plus, des ateliers sur les émotions sont en préparation, suivez mon actualité!)

 

« Il se transforme ! »

« Elle pète un plomb ! »

« Il est incontrôlable ! »

Ces termes, vous les connaissez, ils sont liés aux émotions, bien souvent à la colère mais on peut avoir aussi des termes tels que :

« Mais qu'est-ce qu'elle a à sauter partout ? Elle est dingue ? »

« Tu pleures pour ca ?? »

« Mais remets-toi, c'est pas si grave ! »

 

Bref, dans toutes ces phrases, on voit combien les émotions nous mettent mal à l'aise, combien les émotions nous transforment, nous changent.

Et c'est vrai.

 

Qu'est-ce qu'une émotion :

 

Un petit tour de neuroscience simplifiée :

Les émotions sont déclenchées par des stimulus extérieurs, non physiques, mais provoquent chez le sujet des réactions physiques (sudation, accélération du rythme cardiaque, de la respiration etc...)

Traduction : rien ne vous touche, rien ne change physiquement dans votre environnement, pourtant vous ressentez des changements dans votre corps (transpiration, battements du cœur, essoufflement, oppression etc...)

 

Lorsqu'un déclencheur amène une émotion, l'amygdale (celle qui se trouve presque au juste centre du cerveau, pas celles de votre bouche), qui est le siège des émotions, demande à l'hypothalamus d'inonder le cerveau d'hormones. Selon ces hormones (cortisol, adrénaline, dopamine ou autre), le cerveau réagit différemment, mais toujours intensément. En effet, il se prépare à agir. Les muscles se tendent, prêts à bondir, le cœur s'accélère pour apporter une oxygénation maximale, la température monte pour se préparer à l'effort, l'acuité visuelle devient plus précise et plus discriminante. Lorsque l'amygdale se déclenche, la partie « raisonnable » du cerveau (le néocortex) n'est plus aux commandes. Par contre, la partie « survie » (cerveau reptilien) prend le relais.

 

Quelle est cette partie ?

Le cerveau reptilien est donc celui qui régit notre survie, celui qui nous fait respirer, manger, nous déplacer, circuler le sang dans notre corps, déclenche la lactation etc... c'est une partie très utile. Et lors d'un souci, son seul but est de nous garder en vie par 3 attitudes :

  • Figement

  • Attaque

  • Fuite

Et c'est ce qui se passe dans l'émotion.

Ces 3 attitudes sont des attitudes de survie. On peut le voir si on se transpose seul dans la nature face à un animal sauvage : soit on se fait oublier en espérant qu'il nous oublie (figement), soit on attaque, soit on court, loin !

Donc le cerveau, qui prend des raccourcis pour agir de la manière la plus efficace possible, lorsqu'il se sent mis en danger par un déclencheur, instaure un de ces 3 comportements (dans le doute, sauve ta peau!).

C'est ainsi que vous avez un enfant ou un adulte qui tape, crie, hurle, pleure de rage (attaque), un autre qui va rester tétanisé ou s'effondrer en larmes (figement), ou un autre encore qui va partir en claquant la porte (fuite).

 

Les émotions sont une question de survie !

 

Comment elle se traduit ?

 

Mais alors, vous allez me dire, ok, on voit le comportement lié à l'émotion, mais pourquoi ce déclencheur ? Il n'y a pas d'animaux sauvages affamés dans nos sociétés, ou rarement !

Et vous avez raison... en partie.

Oui il n'y a pas souvent d'animaux sauvages affamés mais il peut y avoir, par exemple, des phobies de certains animaux qui peuvent déclencher ces comportements, c'est l'émotion de la peur... et la peur, dans toutes les circonstances peut créer la prise en charge par le cerveau reptilien car il y a danger.

Le sentiment de danger peut se ressentir quand les besoins d'un individu ne sont pas satisfaits. Ces besoins sont identifiables (grâce à la pyramide de Maslow entre autres), ils peuvent aller du basique besoin de manger ou d'aller aux WC, au plus complexe besoin d'appartenance, d'épanouissement...

Quand les besoins ne sont pas satisfaits (besoins et non désirs, on y reviendra), le cerveau se sent en danger et enclenche sa survie.

Ainsi, l'enfant qui a passé une journée fatigante ou une mauvaise nuit aura besoin de sommeil, qui est un besoin primaire. Et donc au moindre déclencheur : PAF !

Pareil pour celui qui fait l'habituelle « crise de fin de matinée », il a peut être faim et un encas peut apaiser les tensions.

Et vous, quand vous avez besoin d'aller aux WC ? Vous vous sentez plutôt d'humeur sereine ou prêts à exploser à la moindre contrariété ?

Sans sommeil, sans manger, sans éliminer, on peut mourir, alors quand le besoin est trop fort : Danger : attaque, figement ou fuite au moindre déclencheur. Déclencheur qui peut n'avoir aucun lien avec le besoin non satisfait. C'est là que le parent ou l'adulte référent doit enfiler sa casquette de Sherlock Holmes.

Et pour les besoins plus complexes ? Enfilez l'imper et prenez la pipe en plus parce que ça va vous demander de l'enquête !

 

Que faire pour l'apaiser ?

 

Bon alors, avec ça... on fait quoi ? Parce que notre petit de 4 ans qui se roule par terre parce qu'il veut sa fraise tagada de préférence quand il y a le plus de monde possible c'est plutôt inconfortable !

Et oui, c'est en effet inconfortable... Et connaître le mécanisme des émotions peut permettre justement de savoir que nous sommes inconfortables, qu'un de nos besoins (de calme, d'appartenance au groupe, de sécurité ou autre) n'est pas satisfait et qu'on pourrait céder aussi à l'émotion de notre côté, on est sur le fil... Et parfois on bascule d'un côté ou de l'autre. Il n'y a pas de mauvais côté.

L'émotion, nous l'avons vue, est saine, elle nous aide à rester en vie, c'est un système de défense, un signal d'alerte. Alors on peut l'accueillir, la nommer, l'écouter, et la laisser passer. Une émotion, ça passe, toujours, sinon c'est un sentiment, une sensation, autre chose.

Cependant, comme pour tout, vivre une émotion de manière adaptée nécessite un apprentissage. Il n'est pas tolérable dans notre société d'user de la violence, de manquer de respect, de nuire à autrui parce que nous sommes dans l'émotion.

C'est en comprenant ce qu'il traverse, en comprenant que c'est normal, en étant rassuré sur la présence attentionnée de l'adulte, guidé dans l'accompagnement de ses sensations émotionnelles que l'enfant arrivera, à force d'expériences, à vivre ses émotions. C'est à l'adulte accompagnant de lui montrer comment faire, que faire de ce flux d'énergie, vital et sain, qui arrive comme une tempête ingérable. L'enfant vit ces sensations corporelles sans en appréhender la pertinence. Il n'est plus aux commandes et a besoin de guides pour savoir quoi faire.

Vous, vous faites comment pour traverser vos émotions ?

On peut par exemple proposer à l'enfant de se défouler autrement qu'en tapant pour faire sortir l'énergie, on peut proposer de la respiration, du mouvement physique... ça dépendra du moment, de l'enfant, de l'adulte, de la situation... De votre inspiration.

 

Au fait, ai-je dit qu'il fallait lui donner sa fraise Tagada ?

Non, car c'est un désir, non un besoin. Le désir est ce que la personne dans l'émotion croit être la solution. Mais ce n'est pas la réponse à son besoin non écouté. Son besoin dépend totalement de la situation et c'est l'adulte présent qui peut essayer de décoder avec plus ou moins de réussite (et c'est ok). Parfois, donner le bonbon ne sera pas un problème si ça vous correspond, parfois vous ne serez pas d'accord car ça ne vous correspondra pas. Alors la règle sera importante, sécurisante, et l'écoute du besoin fondamentale.

 

La bienveillance, l'écoute et la compréhension des émotions, ça ne veut pas dire céder aux désirs de l'enfant, mais être à l'écoute de ses besoins...

 

(Pour aller plus loin sur le versant neuroscience, je vous conseille cet article : https://www.cairn.info/revue-cahiers-critiques-de-therapie-familiale-2002-2-page-73.htm )